Où en est l’industrie française ?
L’industrie française, une longue histoire d’amour n’est-ce pas ? Entre la gloire et les tumultes de son existence, cette industrie s’est fortement transformée au cours des années. Toutefois, ce n’est pas une problématique simple puisque ce sujet est au centre des débats politiques depuis longtemps et ne crée pas un consensus au sein de notre société. Nous allons donc essayer de réaliser un état des lieux de l’industrie française actuelle.
1 – Introduction
A – Mise en contexte et importance de l’industrie en France
Selon l’Insee, en 2022, la production en valeur de l’industrie est de 1244 milliards d’euros. Entre 2021 et 2022, cette production a seulement augmenté de 0,5%. Autres données importantes, les exportations sont positives puisqu’elles ont crû de 2,4%. Toutefois, les importations elles, ont augmenté de 6% environ, notamment à cause des industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution.
Pour mémoire, la France est l’un des premiers pays a avoir connu la Révolution industrielle au début du XIXème siècle. Elle s’est d’abord démarquée par l’extraction minière et la métallurgie, puis s’est développée dans d’autres secteurs post Guerre Mondiale avec entre autres l’aéronautique et le nucléaire. Mais le pays connaît depuis les années 1980 un phénomène de désindustrialisation causé par la tertiairisation de son économie et les avantages financiers de recourir à une main-d’oeuvre plus abordable dans les pays en développement. Cette désindustrialisation a eu pour effet d’éloigner les zones de production avec les lieux de consommation. Les conséquences environnementales sont fortes car les pays producteurs n’ont pas les mêmes contraintes règlementaires. Il y a aussi l’impact climatique lié aux distances parcourues par les produits finis et celui causé par le transport des matières premières.
Même si le poids de l’industrie dans l’économie a été divisé par deux depuis 1970, ce secteur représente tout de même près de 3 millions d’emplois directs en France. A noter que l’industrie française a une part dans son produit intérieur brut (PIB) inférieure à la moyenne européenne en 2021. Elle était de 16,8%, soit 6,2 points en dessous de la moyenne des autres pays de l’Union Européenne. Cette moyenne étant augmentée par des pays tels que l’Irlande (40%), la Norvège (36%) et l’Allemagne (27%).
La France a besoin de son industrie et ce pour diverses raisons. Il faut pour cela bien comprendre son rôle dans l’économie pour s’en rendre compte. L’industrie combine des facteurs de production pour créer des biens matériels. Cela nécessite de la main d’oeuvre favorisant ainsi la création d’emplois.
B – Les perspectives futures
S’il y a bien une chose qui caractérisera l’industrie pour les années à venir, c’est sans aucun doute le numérique. Beaucoup parlent de l’industrie 4.0. Pour preuve, 70% des industriels font de la modernisation de leur outil un objectif important, voire prioritaire selon la CCI. On peut par exemple se targuer d’être le pays le plus automatisé dans le secteur automobile. En effet, les entreprises françaises comptaient en mai 2022, 148 robots pour 1000 employés en moyenne comparativement aux États-Unis (138) et à l’Italie (120). Ces chiffres sont d’autant plus forts quand on sait que nous avions 154 robots pour 10 000 employés en 2018.
La France a encore du chemin à parcourir car nous sommes aujourd’hui placés au 15ème rang sur les 28 États de l’UE en matière de compétitivité numérique et 11ème au niveau de l’usage dans les entreprises. La prise de conscience tardive a reculé la transformation vers l’industrie du futur.
Concrètement, l’industrie s’oriente vraisemblablement vers 3 classes d’outils (rien n’est figé évidemment) :
- L’IA et l’automatisation : tout ce qui regroupe la robotisation et les assistants robotiques (exosquelettes par exemple).
- Le digital : la visualisation virtuelle d’objets (concevoir, surveiller, entretenir), la réalité augmentée et l’edge computing (informatique en périphérie de réseau) et la fabrication additive (dont imprimante 3D).
- Les réseaux : la blockchain qui permet de stocker, transmettre des données de manière transparente et sécurisée entre différents sites de production, l’IoD (internet des objets) permettant une communication entre des biens « physiques » et leurs existences numériques (un opérateur peut par exemple piloter un tracteur sur un chantier depuis un centre de contrôle éloigné) enfin le contrôle non disruptif via des capteurs (anticiper les pannes par exemple).
Nous assistons ainsi à un carrefour de l’histoire industrielle puisque les procédés sont en pleine mouvance. Une multitude d’opportunités que la France doit saisir pour rebondir dans ce secteur.
2 – Évolution récente de l’industrie française
A – Effets du Covid-19 et les mesures de relance
Vous n’êtes sûrement pas sans savoir que la crise sanitaire liée au Covid-19 a laissé des traces sur l’économie mondiale, la France et son industrie en ont pâti indéniablement.
En 2020, la PIB de zone euros a chuté de 6,6%, n’épargnant aucun secteur mais malgré tout certains ont subi davantage de pertes tels que la restauration, le transport, l’hébergement et le commerce. La France est plus touchée puisque son PIB diminue d’environ 8%. Lors de cette crise, les individus ont délaissé les services et les restrictions sanitaires ce qui n’a fait qu’accentuer cette tendance.
Les investissements des entreprises ont été naturellement moindres (9%) mais cela aurait pu être pire sans le soutien public. Du côté des ménages, l’épargne a augmenté pour atteindre plus de 202 milliards d’euros, soit 90 milliards de plus qu’en 2019. Cela s’explique simplement par l’incertitude des ménages vis-à-vis d’une pandémie mondiale.
L’industrie manufacturière enregistre une baisse de 12% à cette période, certains secteurs étant plus ou moins touchés à l’instar de la construction automobile (-32%) et le secteur aéronautique (-30%). D’autres s’en sortent légèrement mieux (assez logiquement), les activités liées à la santé augmentent un peu et l’agroalimentaire résiste au vu de la consommation des ménages (-2,3%).
Lors de cette période, le déficit extérieur français double car la France perd des parts de marché. Elle a par exemple importé pour 5 milliards d’euros de masques chirurgicaux afin de répondre à la demande exponentielle notamment dans les administrations publiques (33%).
Cette période a donc causé un trouble à l’ensemble de l’économie, mais quelles sont les mesures de relance qui ont permis de sauver les meubles ?
A la fin mars 2021, près de 201 milliards d’euros ont été mobilisés pour aider les sociétés françaises, cela représente 9% du PIB national.
Parmi les mesures les plus importantes, il y a eu tout d’abord une explosion du chômage partiel pour conserver le maximum d’emplois malgré la baisse d’activité. L’emploi est d’ailleurs resté relativement stable. Puis, le Prêt garanti par l’État à destination des entreprises de moins de 50 salariés est créé. Et pour les PME qui ne peuvent pas bénéficier du PGE, une avance remboursable est mise en place.
Ce ne sont ici que des brèves de tout l’étalonnage des aides proposées par l’État au cours de cette période inédite. Ces mesures ont permis de limiter la casse pour sauver un maximum d’entreprises, la Direction générale du Trésor estime d’ailleurs que 40 000 faillites ont été évitées, soit 45% de moins qu’un an plus tôt. Toutefois, la question du rattrapage plane toujours car ces mesures peuvent retarder les défaillances d’entreprises plutôt que les sauver. A date, ce rattrapage n’a toujours pas eu lieu.
B – La France, le berceau des investissements étrangers
Selon le baromètre EY de l’attractivité, la France se maintient en 2023 à la première place européenne en nombre de projets et d’emplois annoncés par les investisseurs étrangers en Europe.
Le célèbre cabinet d’Audit et de Conseil précise néanmoins que « le nombre total d’implantations et d’extensions internationales recensées dans 44 pays européens n’a augmenté seulement de 1% l’année dernière. Plus grave, l’emploi porté par ces entreprises a chuté de 16% ».
Toutefois, la France n’a pas à rougir vis-à-vis de ses deux principaux concurrents (Royaume-Uni et Allemagne). En effet, les projets réalisés sur notre territoire ont augmenté de 1% (avec 1259 projets) contre 929 pour l’Allemagne (-6%) et 832 pour le Royaume-Uni (-1%). L’industrie française attire davantage les investissements étrangers puisque la France est loin devant ses deux poursuivants avec ses 547 projets, c’est deux fois plus que la Turquie et cinq fois plus que la Grand Bretagne.
Cela peut s’expliquer par différents indicateurs, la France accueille de nombreux investissements en R&D (+8% en 2022). L’Ile-De-France attire de plus en plus, cette zone se place d’ailleurs pour la première fois sur la plus haute marche du podium sur un baromètre EY. L’éventail de compétences que notre pays possède permet d’attirer les investissements internationaux. Finalement, l’énergie décarbonée (majoritairement favorisée par le nucléaire fonctionnant actuellement qu’à 54% de ses capacités maximales) est vue comme notre principal atout industriel par 49% des dirigeants sondés.
3 – Enjeux futurs de l’industrie
A – Maintenir une compétitivité à l’échelle mondiale
L’industrie est un acteur majeur d’un paysage économique mondialisé de plus en plus compétitif. A l’heure actuelle, les pays émergents montent en puissance, l’évolution technologique, les facteurs environnementaux sont autant de facteurs qui rendent la concurrence plus importante. La France doit protéger et aider son industrie pour retrouver sa force d’antan car les mutations sont nombreuses.
Les industriels français ont choisi de délocaliser leur production dans les années 1980 pour réaliser des économies en bénéficiant d’une main d’oeuvre moins élevée afin de gagner en compétitivité prix. Aujourd’hui, les savoirs se sont exportés dans ces pays (citons la Chine) et les facteurs différenciant s’estompent au fur et à mesure. Le secteur automobile en fait déjà les frais puisque les marques chinoises ou rachetées par des groupes chinois grappillent des parts de marché en Europe. Ainsi, il ne suffit plus de baisser les coût de production pour conserver une industrie compétitive. La différence se fera par l’innovation, il convient de s’adapter aux changements en proposant des solutions nouvelles et de grandes qualités. Le Made in France perd de sa splendeur, pourtant c’est une force indéniable de notre industrie car le « fabriqué français » est bien vu en France et à l’étranger. Cliquez ici pour lire notre article à ce sujet.
Nous avons vu que la France attire davantage les IDE en R&D et c’est une bonne chose car la recherche permet la création de nouveaux produits, l’amélioration technologique et la nécessité de rester à jour.
La formation permet le développement des compétences. La main d’oeuvre doit répondre aux besoins du marché qui sont changeants. Une main-d’œuvre hautement qualifiée et adaptable est un atout essentiel pour relever les défis de la concurrence mondiale.
La concurrence mondiale oblige l’industrie française à se surpasser pour surmonter les défis présents et futurs.
B – Transition écologique
L’urgence climatique et la demande croissante de solutions durables forcent toujours les entreprises industrielles françaises à adapter leurs pratiques pour garantir une approche plus respectueuse. En effet, la France doit construire une industrie verte compétitive pour garantir une transition écologique réussie.
Les modes de production évoluent et la concurrence mondiale devient féroce. Garantir une bonne transition ne retardera pas la France dans sa réindustrialisation. Il est même nécessaire de le faire car il serait dangereux de connaître une nouvelle fois un phénomène de désindustrialisation.
Les axes de travail sont nombreux :
- L’économie circulaire : réflexion à long terme pour optimiser, maintenir et/ou réutiliser la matière le plus longtemps possible (bien penser les produits via l’éco-conception, les rendre réparables à l’heure où l’obsolescence programmée est de mise, recycler…)
- Le développement des énergies vertes et une diminution des énergies fossiles : réduire les émissions de CO2 de la filière sans impacter négativement l’activité pour assurer une transition écologique et économique viable.
- L’utilisation de solutions biosourcées lors de la production : préserver le sol, l’air et l’eau en veillant aux rejets potentiellement nocifs pour l’environnement.
- L’optimisation de la consommation énergétique : il semble évident que la réduction de la consommation énergétique peut être mise en place facilement mais cela demande parfois de gros investissements financiers. Toutefois, il faut penser à la consommation de l’ensemble de la chaîne de valeur, de la conception à l’utilisation finale du produit.
Ces actions constituent le quotidien actuel ou prochain des entreprises du secteur industriel. On peut résumer 6 enjeux pour les entreprises, la décarbonisation de la production, la consommation d’énergie, la pollution de l’air, la gestion des déchets et des matières premières puis la pollution des sols.
Évidemment toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne au vu de leurs activités et de leur taille respective. Elles devront intégrer des ressources complémentaires sans toutefois compromettre les gestes métiers fondamentaux.
C – Manque de main-d’oeuvre
Plus d’emplois que de personnes disponibles pour les occuper, voilà un beau paradoxe d’autant que le taux de chômage est à 7,1% au premier trimestre de l’année 2023. Cela peut paraître anodin mais une pénurie de main d’oeuvre engendre plusieurs problèmes. Il y a tout d’abord une augmentation des salaires car les salariés ont le choix de leur entreprise. Pire encore, cette augmentation peut causer une augmentation des prix pour couvrir le coût de la masse salariale supplémentaire.
Au quatrième trimestre de 2022, la France disposait d’un taux d’emplois vacants à 2,4%, c’est 0,1 points de plus qu’à la même période l’année précédente et 1,1 points de plus qu’en 2020. Selon la CPME, 84% des entreprises qui cherchent à recruter rencontrent des difficultés de recrutement.
L’industrie n’est donc pas la seule peinant à recruter. Quels sont donc ses facteurs propres qui rendent sa tâche difficile ? Le premier est peut-être la mauvaise image de l’industrie auprès de la force de travail car beaucoup pensent que ces emplois sont durs et impliquent de longues heures de travail pour une rémunération pas à la hauteur. Cela n’est pas aidé par la recherche de sens des jeunes dans leur travail, qui est un critère important aujourd’hui pour près de 32% d’entre-eux. De plus, l’évolution de carrière est perçue comme peu suffisante ce qui influence également la baisse de l’offre de travail.
D’autres facteurs tels que la flexibilité, le manque de stabilité (on peut ici prendre l’exemple de la pénurie mondiale des semi-conducteurs qui a causé une baisse de la production) ou encore la sécurité au travail et la santé mentale.
D – La règlementation, un frein pour les entreprises
La France est un pays règlementé et cela n’échappe pas aux entreprises qui doivent se conformer aux règles, normes et procédures qui peuvent ralentir les processus, augmenter les coûts et diminuer la flexibilité.
L’innovation peut par exemple être ralentie par des réglementations qui ne tiennent pas compte des nouvelles technologies ou qui ne s’adaptent pas suffisamment rapidement à l’évolution des marchés. Cela peut ainsi freiner le potentiel de croissance et le développement de nouvelles solutions disruptives.
4 – Secteurs déterminants
L’industrie est composée d’une multitude de secteurs contribuant chacun à l’essor de l’économie française et à la compétitivité à l’échelle mondiale. Nous ne pouvons naturellement pas étudier tous les secteurs industriels, c’est donc pour cela que nous détaillerons uniquement 4 branches qui jouent un rôle majeur dans le paysage économique français notamment de part leur innovation.
A – Automobile
Le secteur automobile est indéniablement touché par le virage durable que suit l’économie mondiale. L’électrification et toutes autres solutions durables changent le paysage d’un secteur historique. Les fabricants français ont investi et continuent d’investir massivement dans la recherche en matière de batterie, d’hydrogène et autres alternatives ayant un impact environnemental moindre.
Maintenant, parlons peu parlons chiffres. L’industrie automobile française a repris de sa superbe en 2022 et 2023 avec respectivement une croissance de 5,8% et 11,5%. La pénurie des semi-conducteurs est de moins en moins présente ce qui limite la baisse de production puisqu’elle a progressé de 6%. Toutefois, cette dernière reste encore bien inférieure au niveau observé sur l’année 2019 de 20%. En 2023, la dynamique reste tout aussi positive, on estime une augmentation annuelle à hauteur de 11,5%, boostée par la production de la nouvelle Renault Mégane et de la nouvelle Peugeot 308 sur le territoire national. En 2022, la part des véhicules électriques et hybrides dans la production était de 22% pour atteindre 459 212 immatriculations. Les parts de marché de ces segments étaient de 11% deux ans en arrière.
Le marché français est contraint par des objectifs environnementaux forts, notamment avec la Norme Euro 7 à l’horizon 2025 pour les voitures (2027 pour les camions). Depuis le début des années 1990, l’Europe établit des normes limitant les émissions polluantes des véhicules neufs afin d’améliorer la qualité de l’air dans les villes et in fine la santé publique. Ces normes ont été mises à jour tous les cinq ans environ pour baisser les taux de monoxyde de carbone, de particules fines ou encore d’oxydes d’azote générés par les véhicules en circulation. Pour parler d’action, ces normes ont contribué à la mise en place des filtres à particules sur les véhicules. Concrètement, cette nouvelle norme abaissera les émissions tolérées des véhicules diesels (et non essences) de 80 mg/km à 60 mg/km. De plus, la conformité des voitures et des camionnettes devra être vérifiée jusqu’à 200 000 kilomètres et 10 ans d’âge (c’est deux fois supérieure à l’ancienne règle). Désormais, les particules émises par les freins (7 mg/km) et les pneus font l’objet d’une règlementation en plus de la combustion des moteurs thermiques. Mais cette norme ne fait pas l’unanimité.
La norme Euro 7 est potentiellement contre productive dans sa forme actuelle
Lucas de Meo, Directeur Général du groupe Renault
En 2050, la filière devra atteindre une neutralité carbone totale. L’Union Européenne entend bien le faire en bannissant les véhicules thermiques dès l’année 2035 pour y parvenir. Cette industrie est en pleine mutation et la France l’a bien compris en investissant massivement dans les méga-usines de batteries pour accompagner la mobilité durable de demain.
B – Aéronautique
L’aéronautique est un secteur regroupant la conception, la fabrication et la maintenance des aéronefs civils et militaires. C’est un secteur qui est pointé du doigt pour son empreinte carbone, bien que le transport aérien ne représente « que » 3% des émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, il compte bien évoluer pour que cette industrie soit plus responsable.
La filière est aujourd’hui contrainte par d’importantes normes environnementales et une concurrence étrangère accrue. Si la France souhaite maintenir sa position mondiale, il convient de conserver une haute maîtrise technologique et améliorer la compétitivité des acteurs nationaux. Les objectifs de réduction de gaz à effet de serre vont créer des modifications profondes dans la conception et la structure des aéronefs. De plus, l’innovation technologique transformera aussi ce paysage, on peut ici citer la maintenance prédictive par exemple. La France doit donc investir massivement pour adopter les technologies les plus innovantes et efficaces.
Pour ce faire, le secteur a déjà débuté sa transition. L’utilisation de biocarburants qui permet d’économiser tend à se généraliser bien que trois fois plus cher que le kérosène. La règlementation européenne impose actuellement au minimum 1% le taux de biocarburant sur chaque vol, elle souhaite augmenter ce plafond à 6% en 2030.
Les acteurs français de la filière s’attèlent à proposer de nouveaux concepts pour le futur. Les avions à hydrogènes sont fortement étudiés par Airbus qui souhaite introduire un avion de ce type à partir de 2035. D’autres s’orientent vers des technologies électriques comme Aura Aéro, notamment pour les trajets inférieurs à 150 km. Les modèles actuels sont bien plus durables grâce aux moteurs dernière génération et à des fuselages plus légers. Les innovations fusent pour limiter l’empreinte carbone d’une industrie indispensable mais non neutre.
Cette industrie est en pleine mouvance comme beaucoup d’autres et les leviers d’actions sont extrêmement nombreux, aéroports, carburants, moteurs, fuselages, capteurs… Chaque innovation compte. Le secteur est primordial pour l’économie française puisqu’il correspond à 12% des exportations. L’aéronautique et le spatial sont des industries ayant un fort excédent à l’export dans un contexte global de déficit commercial.
C – Énergies (notamment les énergies vertes)
Le secteur de l’énergie est omniprésent dans le domaine industriel car il alimente l’ensemble des agents économiques. Ce secteur connaît une transformation profonde, guidée par l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de promotion de la durabilité environnementale. La transition vers le renouvelable est donc au coeur des enjeux futurs de cette industrie.
Pour atteindre ses ambitions d’ici 2050, le secteur mise sur différentes solutions tels que l’éolien terrestre et offshore, l’hydrolique ainsi que l’énergie solaire (TotalEnergies a d’ailleurs inauguré l’une des plus grandes centrales solaires de France en décembre 2022 à Fos-Sur-Mer). Engie, acteur incontournable de cette transition prévoit d’investir entre 13 et 14 milliards d’euros dans les énergies renouvelables. Le nucléaire reste une énergie « verte » indispensable pour atteindre nos objectifs et maintenir une once de notre souveraineté énergétique puisqu’il correspond à 43% des capacités de production du parc électrique français en 2022 et près de 63% de la production cette même année. A noter que la filière fut toutefois sous tension durant l’hiver 2022-2023 et que la disponibilité n’était pas totale.
Exceptionnellement et pour la première fois depuis 40 ans, la France a présenté un déficit commercial en
matière d’électricité en 2022. En effet, la France a massivement importé de l’électricité depuis l’Allemagne/Benelux, l’Espagne et le Royaume-Uni mais la balance commerciale est toutefois positive avec la Suisse et l’Italie.
L’industrie de l’énergie est celle qui va accompagner la transition de la majorité des autres industries et de la société qui prend le virage du renouvelable. Toutefois la consommation en volume est mise à mal et ce par deux facteurs. Le premier étant le plan énergétique présenté en 2022 par le gouvernement pour atteindre 10% de consommation d’énergie de moins qu’en 2019, puis le deuxième facteur est l’augmentation du prix de l’électricité. Les acteurs devront donc veiller à cela pour assurer leur croissance et poursuivre leurs investissements vers les énergies vertes.
D – Innovations technologiques (dont Intelligence Artificielle)
L’innovation technologique caractérise l’industrie 4.0. Nous exposions précédemment les 3 points types de technologies qui façonneront l’industrie de demain : l’IA, le digital et les réseaux. Ces technologies guideront la manière de fonctionner des entreprises et comment elles créent de la valeur. Les pays industrialisés se dotent en permanence de meilleures structures technologiques pour rester dans la lignée des industries les plus performantes, évidemment la France en fait et en fera partie. Ce nouveau virage est en effet un moyen de différenciation fort dans la mesure où de nouvelles cartes apparaissent. Les stratégies doivent s’orienter indéniablement vers cette approche pour que les entreprises industrielles (voire presque toutes) ne disparaissent pas.
L’industrie 4.0 se veut plus efficace grâce au digital. La collecte des données permet d’optimiser et d’obtenir une précision horlogère sur les chaînes de production. Certaines entreprises se pressent de proposer des accompagnements auprès des entreprises à l’image de Siemens qui résume d’ailleurs avec détail la transformation digitale dans cet article.
Nous n’allons pas ici ressasser nos dires car les perspectives futures sont bien évidemment tournées vers le digital et l’innovation technologique de ce secteur. Toutefois, il est important d’insister là-dessus car le changement s’opère dès maintenant. Que ce soit pour les entreprises industrielles ou commerciales, les associations, les administrations, les organisations non gouvernementales ou nous tous en tant qu’individu, nous devons prendre conscience de l’importance de se mettre à jour pour conserver une compétitivité mondiale. Les États-Unis ont une longueur d’avance sur la majorité de ces innovations et des entreprises actives dans la conquête de ces technologies (je peux citer les GAFAM mais il en existe beaucoup d’autres notamment Nvidia qui acquière toujours plus de force ces dernières années, 128% de croissance sur le marché boursier rien que cela !).
Il y a ici un train à ne pas louper, la France doit réussir à greffer un wagon à ce TGV qui ne s’arrêtera pas pour l’attendre.
5 – Aides (hors Covid-19)
A – Accompagnement auprès des entreprises et de la R&D
Pour récompenser les entreprises qui participent activement au développement de nouvelles solutions, l’État propose plusieurs dispositifs d’aides, elles peuvent être fiscales, sociales ou financières.
- Crédit d’Impôt Recherche (CIR) : le CIR a pour objectif d’encourager les entreprises à engager des activités de recherche et développement (R&D). C’est une mesure fiscale qui permet de déduire une partie de leurs dépenses de R&D de leur impôt sur les sociétés. Ce crédit est accessible à toutes les entreprises industrielles, commerciales et agricoles quelles que soient leur forme et leur taille à condition d’être imposées d’après leur régime réel ou exonérées d’impôts (dont JEI).
- Crédit d’impôt Innovation (CII à destination des PME) : le CII est une mesure fiscale à destination des PME qui peuvent obtenir un crédit d’impôts de 30% des dépenses nécessaires à la conception de prototypes ou d’installations pilotes de produits nouveaux. Juridiquement le CII se nomme « dépenses d’innovation éligibles au crédit impôt », expression parfois utilisée à titre générique.
- Jeune Entreprise innovante (JEI) : une jeune entreprise qui investit dans l’innovation a le statut de Jeune Entreprise Innovante ou Jeune Entreprise universitaire ce qui lui permet de bénéficier d’exonérations fiscales et sociales. Ces dernières sont soumises à des conditions spécifiques.
- BPI France : la banque Publique d’Investissement française permet aux entreprises ayant des dépenses éligibles au Prêt innovation de renforcer leur trésorerie pour faciliter le financement des dépenses immatérielles nécessaires à l’industrialisation et la commercialisation de nouvelles innovations. Ce prêt est soutenu par le Fonds de garantie pan-européen (EIB) et mis en œuvre par le Fonds Européen d’Investissement (FEI) avec le soutien financier des États membres contribuant à ce fonds de garantie.
- Incubateurs : les incubateurs ont pour mission d’accueillir et d’accompagner les projets de création d’entreprises innovantes. Ces structures d’accompagnement offrent des services indispensables pour bien démarrer et développer son projet. Il existe plusieurs types d’incubateurs : publics, privés, certains appartiennent à des entreprises, d’autres à des Grandes Ecoles ou encore à des collectivités locales et le Centre européen d’entreprises et d’innovation. Ainsi, les projets industriels ou autres peuvent bénéficier d’un éventail d’aides (formation, mise en relation, matériel…).
- La French Tech : le célèbre mouvement français des start-up labellise, accélère la croissance des start-up et offre une visibilité internationale dans le meilleur des cas. Pour l’industrie, la Mission French Tech soutient les start-up industrielles via deux leviers : le guichet start-up industrielles et une offre d’accompagnement spécifique dédiée aux start-up lauréates de l’appel à projets « Première usine ». Voici la stratégie mise en oeuvre ici.
- Ect
Il existe une multitude d’aides possibles pour tous types d’entreprises, les sites gouvernementaux et autres sites sont là pour vous fournir toutes les informations utiles.
B – Formation pour garantir les compétences
Nous parlions tout à l’heure du manque de main d’oeuvre que subit actuellement l’industrie et plus largement les entreprises qui cherchent à recruter en France.
EDF a été par exemple obligée de recruter des soudeurs Nords Américains par manque de bras pour réparer six réacteurs nucléaires touchés par la corrosion. La France manque de soudeurs spécialisés. L’inquiétude monte car le manque est omniprésent. C’est pour cette raison que quatre acteurs du nucléaire (EDF, Orano, CMN et Naval Group) se sont regroupés pour créer une haute école de soudeurs pour répondre aux besoins. « Il y a urgence » déclarait David Le Hir, directeur de la centrale de Flamanville 1 et 2, et président de Hefais. Cet exemple permet d’illustrer un cruel manque de mains qualifiées dans l’industrie.
La formation, la solution miracle ?
On peut voir que des acteurs du secteur industriel choisissent de créer leur propre formation pour répondre à leur problématique de recrutement. Le secteur du luxe est d’ailleurs partisan de ces pratiques puisque des personnes sans compétences initiales dans le domaine peuvent bénéficier de formation en maroquinerie auprès de la maison Hermès ou Louis Vuitton par exemple.
Toutefois, la formation ce n’est pas seulement pour trouver un emploi, c’est aussi pour suivre les évolutions. En 2022, 68% des salariés estimaient avoir besoin d’une formation sur un nouveau métier ou pour se tenir à jour dans celui qu’ils occupent selon Empowill.
La formation subit aussi des changements majeurs liés à la digitalisation. L’apprentissage est l’un des modes de formation privilégié dans le cas de l’industrie. Néanmoins un nouveau concept de formation pourrait bien devenir l’un des formats phares dans le futur. Il s’agit du blended learning (mode d’apprentissage mixte). Il s’agit de suivre des cours en présentiel et en distanciel. Il mêle alors le meilleur des deux mondes, en conservant la pratique d’un côté et la théorie de l’autre avec une meilleure flexibilité.
Les réponses aux problèmes de recrutements émergent : les salaires sont plus hauts, les conditions de travail sont améliorées, la promotion interne est réelle, les formations permettent de combler le manque de compétences ect mais cela ne semble pas être suffisant. Les méthodes paraissent là mais les postes sont toujours vacants…
6 – Conclusion
Dans l’ensemble, nous observons une industrie française à un point décisif car les innovations technologiques bouleversent totalement les pratiques actuelles. L’industrie est aux portes de sa quatrième génération. Certains arriveront à se démarquer mieux que d’autres. Espérons que les différentes épreuves, qu’elles soient géopolitiques ou liées à des problématiques de recrutement ne mettent pas à mal une industrie qui fait face à de nombreux défis.
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