Le supermarché, entre aliénation et socialisation ?
Tous ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans un hypermarché ne connaissent pas la réalité sociale de la France d’aujourd’hui. L’hypermarché comme grand rendez-vous humain, comme spectacle.
Annie Ernaux, Regarde les lumières mon amour
Analyser le supermarché comme lieu témoin d’une société peut paraitre superficiel, et pourtant, rien de plus fascinant ! Cet espace a façonné et façonne toujours notre environnement socio-géographique. Incarnation de la consommation et de l’individualisme il est, aussi paradoxal cela soit-il, haut-lieu de socialisation.
Mais comment envisager une telle chose entre des boîtes de thon et des tablettes de chocolat ?
Le supermarché, « temple babylonien de la Marchandise »
Deux portes s’ouvrent, caddie en main, nous voilà dans le temple du XXIè siècle : le supermarché. L’accumulation de produits en tout genre happe notre appétit, et nous noie dans une uniformisation massive et déshumanisée. « Nous sommes fascinés par ce temple babylonien de la Marchandise » (Le Bruissement de la langue, Roland Barthes).
Cette fascination se transforme en véritables pulsions d’achats et d’engloutissement. Cette compulsion entretient un système de consommation pour la consommation. L’aliénation à la consommation fait donc du supermarché un tout puissant contre lequel il est difficile de lutter. En particulier lorsqu’on est petit commerçant et/ou producteur local.
Être anonymement universel ?
A partir de l’après guerre, le supermarché devient le lieu de l’incarnation d’une classe, d’un genre, et pas n’importe lequel ; celui de l’American Way of Life. Uniformisation du client, du produit, du vendeur et du rituel d’achat. L’anonymat du supermarché aliène toute forme d’individualité, et que dire avec l’apparition des caisses automatiques…
Pourtant il y a dans cette dépersonnalisation une forme d’universalité du modèle, en Occident du moins, le supermarché prend la forme d’un « hyperlieux » (Michel Lussault) : concentré de mondialisation où l’espace accueille toutes les échelles en se confrontant. Dans ce haut degré d’universalité (produits du monde entier dans un supermarché), on observe une sorte de langage universel, de repères communs, ceux de la consommation, certes, mais permettant de forger une expérience sociale commune.
Fascination pour le supermarché
La fascination que peut susciter le supermarché lui confère une valeur particulière. Dans le film Travail au noir de Jerzy Skolimowski, quatre ouvriers polonais partent à Londres travailler pour leur patron. Ils découvrent, à Londres, un supermarché. Lorsqu’ils rentrent, ils sont presque émus du « spectacle » ; des rayons remplis de nourriture et de vin, cette abondance devient symbole d’un modèle économique prospère, d’une vie riche et agréable.
De même pour le film Démineurs de Bigelow ; le montage atténue et apaise les images des soldats sur le champ de bataille irakien avec un américain faisant ses courses, longeant les réfrigérateurs d’un supermarché. Le supermarché est alors devenu l’incarnation d’une sorte de havre d’abondance et de richesse dans lequel on se sent un peu à l’abri.
Un nouveau lieu social, un nouveau café du commerce
Le supermarché peut devenir un lieu dans lequel on « fait société », de la même manière que le permettait (du moins en France) un bistrot ou un café du commerce. Ainsi au supermarché se croisent tous types d’individus ; peu importe l’âge, le revenu fiscal, le capital culturel, le look, …
Le supermarché est peut-être l’espace le moins ségrégué socio-géographiquement parlant. Le supermarché est témoin des modes, des genres, des classes de toute une société dont il est le terrain de jeu.
De nombreuses rencontres se font dans l’anonymat des supermarchés ; croiser un voisin ou retomber sur un vieil ami. Tout cela participe à la socialisation de l’homme dans un lieu on ne peut plus populaire. On ne s’attend d’ailleurs pas à croiser un parrain de la mafia ou une star du cinéma au rayon charcuterie. Le supermarché est donc un lieu de socialisation populaire qui participe à l’expérience de l’espace tout au long de la vie.
Le supermarché ; « un microcosme dans un macrocosme »
À la fois très populaire tout comme un village gaulois (avec le stand boucherie, le stand boulangerie, pâtisserie, Asie, où les gens se retrouvent par hasard) et à la fois incarnation de la mondialisation et uniformisation. Le supermarché comme lieu populaire se comprend aussi dans la mesure où l’inflation et autres problèmes politiques et économiques agissent sur le pouvoir d’achat des ménages. Les premières dépenses se font toujours (ou presque) au supermarché…
Il est donc le lieu témoin des évolutions de la société et de ses hommes.
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